Chapitre 27
Pendant un moment qui sembla infini, tout le monde fut sous le choc. Wyatt s’effondra au sol en hurlant. Raphaël posa le Taser par terre puis arracha le pistolet de la main de l’humain le plus proche de lui. L’homme eut à peine le temps de protester avant que Raphaël lui tire dans la tête.
Reprenant ses esprits, Lugh, dans une explosion de force, se libéra de ses menottes. Je sentis la pression du métal contre ma peau, mais cela ne fut pas aussi douloureux que cela aurait dû l’être. Je bondis hors du petit bois imprégné d’essence sans avoir le moindre contrôle de mon corps.
Il serait bien temps plus tard de paniquer devant cette sensation étrange : comme si j’étais en pleine crise de somnambulisme tout en étant éveillée. Pour l’instant, j’étais juste heureuse de ne pas être en train de rôtir.
Le reste des partisans de Wyatt se rapprochait, la moitié d’entre eux vers Raphaël, l’autre vers Lugh. Apparemment, il n’y avait aucun démon parmi eux parce qu’ils étaient aussi efficaces que des chihuahuas jappant. L’un d’eux sortit une arme et me tira dessus. Sur Lugh. Peu importe.
La balle percuta mon épaule. Sans que je ressente la moindre douleur. Lugh assena un coup sur la main du type pour lui faire lâcher son arme, puis il le frappa si fort sur le côté de la tête que son cou claqua. Du coin de l’œil, je vis Raphaël tirer sur deux autres hommes qui essayaient de se saisir de son arme.
À ce moment, d’inoffensifs petits sous-fifres se seraient enfuis à toutes jambes. Cependant, il s’agissait là de fanatiques. Même si leur nombre diminuait, ils ne cessaient d’attaquer. Lugh et Raphaël les descendaient, l’un après l’autre, les corps s’entassant jusqu’à ce que le terrain ressemble à un champ de bataille.
Si Lugh ne m’avait pas contrôlée, j’aurais sans doute vomi toutes mes tripes.
Le dernier assaillant tomba enfin. Je n’en étais pas sûre à cent pour cent mais tous, excepté Wyatt, étaient morts. J’aurais peut-être regretté ce carnage si ces hommes n’avaient pas voulu de me brûler vive afin que les démons puissent contrôler le monde, ou quoi que ce soit d’autre qu’ils avaient espéré accomplir.
Comme Wyatt reprenait lentement le contrôle de ses membres, Raphaël ramassa le Taser pour lui envoyer une nouvelle décharge.
Les bras croisés sur ma poitrine, Lugh regarda son frère qui lui répondit par un sourire.
— Explique-moi, gronda-t-il.
Ce n’était un grand bavard en pareille situation.
Le sourire s’évapora du visage de Raphaël et une lueur plus sombre – de colère, peut-être – illumina son regard.
— Tu es le pire des imbéciles, Lugh. Tellement satisfait de toi-même et égocentrique que cela te rend complètement aveugle.
Nous fîmes un pas vers lui. Personnellement, j’aurais été heureuse de le passer à tabac. Mais ce n’était pas moi qui tenais les commandes.
— Si tu avais prêté attention au monde tel qu’il est réellement, continua Raphaël sans se laisser démonter, tu aurais vu tout ça venir. Mais non, tu pensais que tout le monde était aussi honorable que toi ; qu’une fois que tu serais roi, tu ferais le bien. Quel connard arrogant.
Ses lèvres se tordirent en une grimace hideuse.
Pour ma part, j’avais entendu des explications plus claires.
— Raphaël, dit Lugh, la menace planant dans sa voix.
Raphaël secoua la tête.
— Je savais que Dougal préparait quelque chose. Ton ascension au trône le bouleversait vraiment. Il devait être en train de fomenter une révolte, mais ce n’était pas le cas. Alors je lui ai fait comprendre que tu ferais un mauvais roi. Toi et moi nous entendions si peu qu’il n’eut aucun problème pour croire que je serais contre toi. C’est alors qu’il m’a fait partager son plan.
— Le plan consistait à me forcer à posséder un hôte mortel puis à nous brûler vifs mon hôte et moi.
Raphaël roula des yeux.
— Ouais, ce plan-là. Et avant que tu me poses la question, si j’étais venu te voir pour t’avertir, tu ne m’aurais pas cru. Tu aurais cru que je cherchais les ennuis. Et même si tu m’avais cru, tu n’aurais rien pu y faire une fois que Dougal aurait donné ton Nom véritable à ses partisans humains.
Je sentis que je haussais les sourcils.
— Et comment savais-tu que je ne serais pas capable de la contrôler ? Je n’ai jamais entendu parler d’un tel cas de figure.
Raphaël hésita.
— Bloque Morgane et je vais te le dire.
Me bloquer ? Je n’aimais pas du tout ça mais, avant que je commence à paniquer, Lugh parla :
— Je n’ai pas assez le contrôle pour la bloquer, dit-il. Quoi que tu aies à dire, elle peut l’entendre.
Raphaël secoua la tête.
— Alors tout ce que je peux te dire, c’est que Dougal préparait bien pire dans la Plaine des mortels que nous n’aurions pu l’imaginer. Hors de question que je partage des secrets d’Etat avec Morgane, peu importe ce que tu m’ordonnes.
Lugh fit un autre pas vers son frère.
— Ce n’est pas à toi de prendre cette décision.
Raphaël avança le menton d’un air obstiné.
— Si, grand frère, c’est ce que je fais. Tu crois que tu peux me forcer à parler sous la torture ?
Là, j’aimais assez ce que j’entendais. Après tout, même si Raphaël m’avait sauvée du bûcher, ses méthodes craignaient. Je me rappelai les brûlures sous les bras de Brian et le sang jaillissant de la jambe de Dominic. Malheureusement, la vengeance ne semblait pas être une des priorités de Lugh. Serrant les poings de frustration, il laissa tomber le sujet.
— Une fois que tes amis ont su que j’étais dans le corps de Morgane, pourquoi ne l’as-tu pas aidée ?
— Je l’ai aidée. Je me suis arrangé pour qu’elle se fasse arrêter et conduire en prison, où personne ne pouvait l’atteindre. Je me suis aussi débrouillé pour que l’inculpation soit abandonnée en l’absence de preuves. Et je l’ai appelée chez elle pour la réveiller quand Wyatt a voulu la brûler dans sa maison. Je ne pouvais empêcher le rendez-vous de ce soir sans divulguer ma couverture, mais j’ai retardé ce moment autant que possible en jouant le salaud caractériel chaque fois qu’elle appelait. Je supposais que, si tu ne pouvais pas refaire surface dans ces circonstances, tu n’en serais jamais capable. Et ne me dis pas que Morgane et toi m’auriez cru si j’étais venu vous voir pour vous dire que j’étais de votre côté. Morgane ne fait confiance à aucun démon, et tu ne m’as jamais fait confiance. Il valait mieux que je reste infiltré.
Lugh balaya le champ de bataille d’un regard méprisant.
— Et si je n’étais pas parvenu à refaire surface ce soir, Morgane et moi serions tous les deux morts.
Mais Raphaël secoua la tête.
— Non, mon frère. Seulement Morgane. S’ils avaient allumé le bûcher, je n’aurais pas eu d’autre choix que d’abattre Morgane. (Il plongea ses yeux dans ceux de Lugh et je compris que c’était moi qu’il regardait à travers.) Je suis vraiment désolé, Morgane. J’ai fait ce que j’ai pu pour vous provoquer, Lugh et toi, afin que tu le laisses refaire surface. Mais si j’avais échoué, il m’aurait fallu te tuer et renvoyer Lugh dans le Royaume des démons. Cela aurait été au mieux une solution temporaire puisqu’ils ont toujours le Nom véritable de Lugh. Ils l’auraient appelé dans le corps d’une autre victime et j’aurais révélé ma couverture. Mais je n’aurais pu venir à bout de tous ces hommes tout seul. Je suis fort, mais pas aussi fort que ça.
Bien sûr, je ne dis rien. La panique me frappa quand je compris que je ne serais peut-être plus jamais capable de dire quoi que ce soit.
— Ça va aller, Morgane, me dit Lugh en parlant avec ma bouche. Je sais ce que j’ai fait pour prendre le contrôle et je sais aussi comment me retirer.
Raphaël eut l’air choqué.
— Tu vas la laisser reprendre le contrôle ?
Lugh haussa les épaules.
— Même si je ne la laissais pas faire, je suppose qu’elle découvrirait toute seule comment y parvenir. Elle a toujours réussi à me chasser de ses rêves quand elle le désirait. Nous devrons fonctionner en partenaires plutôt que sous une dictature.
— Le chevalier servant, c’est ça, mon frère ? demanda Raphaël avec une pointe de dégoût dans la voix.
Lugh n’apprécia pas.
— Tu devrais essayer de temps en temps.
À voir la légère tension autour des yeux de Raphaël, Lugh avait finalement réussi à blesser son frère. Il baissa les yeux.
— C’est comme ça que tu me remercies pour ce que j’ai fait ? Je ne serai donc jamais capable de faire quelque chose de bien à tes yeux ?
— Excuse-moi, soupira Lugh. Je te suis vraiment reconnaissant, même si je n’apprécie pas tes méthodes.
Wyatt grogna et les deux frères se tournèrent vers lui. Il ne pouvait toujours pas bouger, mais il leva vers Lugh un regard mêlant colère et peur.
— Ce n’est qu’une cellule de l’armée révolutionnaire de Dougal, déclara Raphaël d’une voix tranquille et d’une neutralité étudiée. J’ai fait de mon mieux pour trouver les autres, mais tout s’est accéléré. Tu ne peux retourner au Royaume des démons avant que nous soyons certains que les partisans de Dougal ne peuvent plus t’invoquer pour te tuer. Le meilleur espoir que nous ayons de neutraliser cette conspiration, c’est que je reste infiltré.
Lugh resta silencieux pendant un long moment. Je regrettai de ne savoir ce qu’il pensait, notre communication n’était qu’à sens unique. Je suis sûre qu’il m’entendit le harceler de questions, mais il choisit de ne pas y répondre. Comme sa réaction m’énervait, j’essayai de visualiser une porte que je fermais dans mon esprit.
Quand Lugh grimaça, je ressentis une fugace étincelle de triomphe. Ouais ! Je savais comment lui donner la migraine !
Malheureusement, il avait mis son pied en travers de la porte, que je ne parvenais pas à fermer.
Quand Wyatt émit un nouveau grognement pathétique, Lugh sembla sortir d’un coup de son moment d’indécision, si c’était ce qu’il traversait.
— Il ne faut pas lui permettre d’avertir quiconque de ta loyauté envers moi, dit Lugh en regardant Wyatt.
Les yeux écarquillés de terreur, Wyatt luttait pour reprendre le contrôle de ses membres.
Raphaël lui assena une nouvelle décharge de Taser avant de s’agenouiller près de son corps.
— Fais-moi confiance, mon ami, dit-il. Tu ne pourras guérir ça.
Il donna un coup de poing si violent à Wyatt qu’on aurait cru que sa tête allait se détacher de son cou. Pas assez fort pour le tuer, cependant, car je vis sa poitrine se soulever, bien que ses yeux soient fermés et ses mâchoires, flasques.
Ce ne fut que lorsque Raphaël souleva l’homme inconscient pour le porter vers le bûcher que je compris tout à fait ce qu’ils comptaient faire. Bien que je sois incapable, moi, pauvre petite humaine, d’arrêter Raphaël, je poussai plus fort sur la porte dans mon esprit.
Lugh grimaça encore une fois sans que j’aie l’impression de progresser dans mes tentatives. Mais je ne pouvais laisser ces deux-là brûler un homme sans essayer de les en empêcher.
— Ne sois pas trop triste pour lui, Morgane, dit Lugh.
Je détestais qu’il utilise ma propre bouche pour s’adresser à moi.
— L’humain et le démon sont responsables tous deux d’un grand nombre de morts, dont la plupart par le feu. C’est une fin appropriée.
Ouais, je savais tout ça. Et d’un point de vue biblique, œil pour œil, dent pour dent, il était difficile de contester le fait que cet homme le méritait. Mais je n’avais pas la capacité des démons à dédaigner les maux nécessaires. Je ne voulais pas participer à l’exécution d’un homme par le bûcher, quel que soit le mal en question, peu importait à quel point il pouvait être dangereux pour moi et l’humanité en général.
Je ne cessais de pousser en vain cette porte dans mon esprit, tout en sachant que je n’avais pas assez de temps pour trouver le moyen de la fermer avant que le méfait soit commis. Il avait fallu des semaines à Lugh pour parvenir à prendre le contrôle. Comment pouvais-je espérer réussir en quelques minutes ?
Ce qui ne m’empêcha pas d’essayer.
Lugh supporta la douleur stoïquement pendant que Raphaël déposait le corps inerte de Wyatt sur le bûcher et l’aspergeait d’essence.
— Tu vas devoir reculer, dit-il à Lugh en jetant le bidon sur le bûcher et en sortant une pochette d’allumettes. Nous avons ajouté une sacrée dose d’accélérateur sur ce truc. Je ne peux pas garantir que tout ça n’explose pas.
Lugh recula de quelques pas. J’essayais toujours de fermer la porte, mais mes efforts s’affaiblissaient. Il était déjà trop tard. Mon sens de l’urgence décrut quand je compris que je n’avais aucun moyen de parcourir la distance qui nous séparait de Raphaël afin de l’empêcher d’allumer le feu.
Raphaël gratta l’allumette.
Ce ne fut pas vraiment une explosion mais cela y ressembla. Dès que l’allumette atterrit sur le petit bois, tout le bûcher s’embrasa : un énorme et sauvage feu de joie, si chaud que Lugh dut encore reculer. Même si Raphaël s’éloigna en courant du bûcher dès que le feu prit, sa main fut légèrement brûlée. Les brûlures guérirent en quelques secondes.
Debout l’un à côté de l’autre, les deux frères contemplèrent Jimmy Wyatt et son démon brûler vifs. J’avais envie de pleurer mais n’y parvenais pas car Lugh contrôlait mes yeux. Au moins Wyatt n’émit aucun cri. Il n’avait probablement pas repris conscience.
Le feu rugissait si fort que tout d’abord je ne perçus pas le bruit d’une voiture qui approchait. Ni Lugh ni Raphaël, qui regardaient le feu et, d’après ce que j’en savais, ne ressentaient aucune culpabilité pour ce qu’ils venaient de commettre.
Au claquement d’une portière, nous nous retournâmes d’un coup, prêts à combattre un nouvel ennemi.
Mais ce ne fut pas un ennemi qui sortit de la voiture. C’était Adam.
Se dirigeant lentement vers nous, ses yeux passèrent de Lugh à Raphaël avant de se poser sur les corps qui jonchaient le sol autour de nous. Je fus soulagée de le voir vivant. Je savais qu’il fallait qu’on lui explique rapidement ce carnage mais, en cet instant, les explications n’étaient pas dans mes priorités.
Je martelais Lugh pour qu’il me laisse de l’espace, essayant de prendre contrôle, de forcer sa bouche – ma bouche – à poser des questions.
Tout en demeurant maître de mon corps, il posa tout de même mes questions.
— Brian et Dominic vont bien ?
La main d’Adam plana au-dessus de son arme.
— Ils vont s’en sortir, répondit-il avec précaution. Ils ont été envoyés tous les deux aux urgences. Les médecins disent que le pronostic est bon.
Il regarda le feu de joie qui brûlait toujours avec vivacité, puis ses yeux revinrent sur Lugh et Raphaël.
— Vous pouvez m’expliquer ce qui se passe ? demanda-t-il.
Ce fut Lugh qui parla le plus, probablement parce qu’il s’attendait qu’Adam ne fasse pas confiance à Raphaël. Pour être tout à fait honnête, je n’étais pas sûre de me fier à Raphaël. Je veux dire, ouais, de toute évidence, il était du côté de Lugh, mais je n’étais pas certaine que ses motivations soient aussi pures qu’il le prétendait. Et je me fiche des différends qu’il pouvait y avoir entre eux, il aurait dû me dire qu’il était du côté des gentils. Même s’il pensait que Lugh et moi ne le croirions pas, il aurait pu nous épargner pas mal de souffrance.
Le feu s’apaisait quand Lugh finit de parler. Adam parcourut du regard la collection de cadavres avant de secouer la tête.
— Eh bien, dit-il, le moins qu’on puisse dire, c’est que c’est un sacré foutoir.
Raphaël trouva ça amusant, ce qui me fit le détester encore plus. Lugh lui lança un regard tranchant que Raphaël ignora.
— Qu’est-ce que tu as dit à la police au sujet de Brian et de Dominic ? demanda Raphaël.
— Je leur ai dit que mon informatrice m’avait averti qu’un démon détenait un humain contre son gré dans le sous-sol du club. Le démon s’est échappé et a tiré sur Dom pour m’empêcher de le pourchasser. Je vais me faire souffler dans les bronches pour ne pas avoir appelé de renfort et pour avoir emmené un civil avec moi, mais je finirai par essuyer la tempête.
Raphaël sembla satisfait de cette explication.
— Alors personne ne sait que nous avons quelque chose à voir avec ces losers. (Il sortit l’arme équipée du silencieux de sa poche.) C’est l’arme avec laquelle j’ai tiré sur Dominic, dit-il.
Il la tendit, crosse en avant, à Adam qui la prit sans poser de question, bien que l’expression de son visage suggère qu’il avait envie d’assommer Raphaël.
Ce dernier prit une profonde inspiration comme s’il rassemblait ses forces, puis nous adressa, à Lugh et à moi, un long regard scrutateur avant de se tourner vers Adam.
— Le démon qui a kidnappé Brian était Andrew Kingsley. Il t’a attaqué, de peur que tu l’identifies, et tu lui as tiré dessus.
— Bon sang mais qu’est-ce que… ?
Comme d’habitude, je fus lente à comprendre. Adam fronça les sourcils. Aussi lente puissé-je être, je compris que son expression n’était pas tant celle de la perplexité que de l’indécision.
— Je le ferais moi-même, continua Raphaël en tapotant l’arme passée dans sa ceinture – le pistolet qu’il avait pris à l’homme de main de Wyatt –, mais je ne pense pas que nous voulons que la balistique découvre que c’est la même arme qui a servi à descendre tous ces imbéciles.
Mon esprit saisit enfin ce que Raphaël suggérait. Pendant une demi-seconde, j’espérai que Lugh objecterait mais, quand Adam se tourna vers lui pour confirmation, il acquiesça.
— Non ! criai-je mentalement en poussant la porte.
Mais c’était trop tard.
Adam dégaina son arme.
— Je suis désolé, Morgane, dit-il.
Puis il tira sur Raphaël… Il tira sur Andrew, mon frère.